Info Soleil COVID-19 et la résilience des entreprises solaires au Togo

M. Kwame Koussougbo, DG de Uranus, Prof. Yao Azoumah, DG de Kya Energy Group et M. Edem Djata, DG de Energie Stable Copyright: URBIS Foundation Togo

Les conséquences du coronavirus sont sans précédentes et se font sentir dans toutes les entreprises ; outre la menace que cela représente pour la santé publique. Les professionnels des énergies renouvelables expriment leur contrainte à la résilience face aux épreuves de la pandémie.

Les bouleversements économiques et sociaux de la covid-19 menacent les moyens de subsistance et le bien-être des populations. Ainsi, pour mieux comprendre les effets de la Covid-19 sur les activités du sous-secteur de l’énergie solaire, une équipe de Urbis Foundation-Togo s’est approchée des professionnels du sous-secteur de l’énergie solaire au Togo qui se sont exprimés librement sur le sujet.

Entre autres professionnels interviewés, nous avons : Prof. Yao Azoumah, DG de Kya Energy Group ; M. Kwame Koussougbo, Ingénieur, consultant énergéticien, DG de Uranus et M. Edem Djata, Ingénieur, DG de Energie Stable. Tous ont répondu à la question ci-dessous.

Comment vivez-vous la résilience face à l’épreuve du Coronavirus et qu’escomptez-vous du pouvoir public ?

Prof. Yao Azoumah : « Nous vivons très difficilement la résilience à notre niveau. Le business est au plus bas niveau mais nos charges fixes sont toujours importantes. Malheureusement nous ne voyons pas le bout du tunnel. Les prix des matières premières dans notre domaine solaire ne font que s’envoler. Ce qui est une très mauvaise nouvelle pour le développement de la filière de façon générale et plus particulière ici dans notre sous-région où nous importons tout de l’extérieur.
Le solaire photovoltaïque nécessite un soutien public pour se développer même en temps normal. Le kWh photovoltaïque est actuellement très couteux. Ceci est dû aux coûts des matériels ; eux-mêmes impactés par les coûts des matières premières qui se sont envolées avec la pandémie de la Covid-19.
Un accompagnement de l’Etat aiderait, d’une part, à réduire le coût du kWh solaire et rendre plus accessible à tous les niveaux l’acquisition du solaire par la population, et d’autre part, à aider les entreprises du domaine à se consolider davantage face aux menaces de dépôt de bilan qui guettent beaucoup d’entre elles. »

Kwame Koussougbo : « En tant que consultant et expert en efficacité énergétique, je dirai que le sous-secteur des énergies renouvelables vit de plein fouet les conséquences néfastes de la Covid-19. Les contrats signés pour les consultations sont suspendus, plus de nouveaux contrats et ceci explique, en cette période, l’inactivité des entreprises solaires au Togo. Face aux épreuves difficiles (flambée des prix des équipements solaires, diminution des marchés et de sources de revenus), les entreprises solaires sont dans l’obligation soit de compresser le personnel, soit de les mettre en congés techniques.
Face à cette situation, un soutien de l’Etat aux entreprises solaires serait la bienvenue. Mais le sous-secteur des énergies renouvelables n’est pas le seul impacté par la pandémie. Ainsi, il serait très difficile, voire impossible, que l’Etat apporte son soutien financier direct à une frange des entreprises. Cependant, ce que l’Etat peut faire, c’est d’alléger les taxes et charges fiscales en matière des énergies renouvelables et cela compenserait le manque à gagner des entreprises solaires, car cela n’est pas impossible, vu que d’autres voisins en ont fait.

Edem Djata: « La pandémie a engendré non seulement la pénurie des marchés mais aussi une augmentation du prix à l’achat et au transport des équipements. Entre autres, le prix du transport d’un conteneur de 20 pieds a doublé et une batterie de 100Ah a connu une augmentation de 20-30% pour ne citer que ceux-là. Face à toutes ces conséquences de la pandémie qui nous met dans l’impossibilité d’assurer nos charges fixes, nous avons été dans l’obligation de compresser une partie de nos employés et mettre le reste en congé technique.
Cette situation difficile que nous traversons doit interpeler l’Etat à revoir la loi sur les énergies renouvelables en détaxant à 100% tous les équipements entrant dans le secteur des énergies renouvelables comme c’est le cas au Burkina ; au Ghana ; au Mali et au Niger. Aujourd’hui, les entreprises solaires togolaises se ravitaillent en équipements dans ces pays. Cette détaxation totale peut aussi motiver à la création de grands magasins de vente des équipements solaires et ceci rentre dans la politique énergétique du pays.
Outre cela, l’Etat doit renforcer aussi la compétence technologique des acteurs solaires dans le dimensionnement et l’installation des centrales solaires de puissance et les rendre compétitifs non seulement sur la plan national mais aussi et surtout sur le plan international. Aucune entreprise solaire nationale ne peut, de nos jours, dimensionner et installer une centrale solaire de grande puissance. Généralement, ces compétences sont achetées de l’extérieur ; ce qui entraine des fuites de nos capitaux. Investir dans la formation des artisans n’est jamais peine vaine ».

Au vue de ces déclarations des professionnels, le secteur des énergies renouvelables développe une résilience pour faire face aux conséquences désastreuses du Covid-19. Ils interpellent le gouvernement à revoir la loi à l’image de celle des pays voisins du Togo. Une exonération totale sera salutaire pour les populations en général et surtout pour les vulnérables.

Zurück